Portrait du Père Zébédée Kabesa Lobo

, par  BLA

Pendant les congés de notre curé le Père Jean-Robert au mois d’Août, notre communauté a accueilli et pris en charge le Père Zébédée, un prêtre missionnaire de la congrégation du Cœur Immaculé de Marie.
Originaire, lui aussi de la République Démocratique du Congo, âgé de 40 ans et issu d’une fratrie de neuf enfants, il nous est arrivé de Rome. Il a été ordonné en 2013 en Haïti où il a passé 8 ans auprès des populations les plus démunies. Actuellement, il est étudiant en sciences bibliques à Rome.
Durant son séjour, de nombreux échanges avec les paroissiens des différents clochers ont été source d’enrichissement mutuel. Nous avons su apprécier sa simplicité, sa qualité d’écoute et ses homélies qui ont fait rayonner l’Evangile.
Ce fut encore une fois une belle rencontre, source d’espérance. Nous lui exprimons notre gratitude et nous lui souhaitons bon courage dans la poursuite de ses études et de son ministère.

Maintenant, il exprime ses impressions :

La mission de Dieu est un voyage vers l’inconnu qui réserve toujours des surprises. Comme membre d’une congrégation au charisme fondamentalement missionnaire, cette affirmation n’est pas une spéculation mais le condensé de mes expériences vécues jusqu’à présent comme missionnaire religieux. Mon expérience pastorale d’un mois à Martel n’en fait nullement pas exception, mais au contraire le confirme. En effet, dès le jour mon arrivée jusqu’à dernier jour de mon séjour au sein du peuple bien-aimé de Martel, que je considère désormais comme ma famille, Dieu m’a révélé plusieurs surprises qu’il me réservait. Ce sont ses surprises que je partage ici comme mes impressions sur l’Église de Martel.

1. La planification
L’église de Martel est dirigée par une équipe de frères et sœurs ayant un sens pointu de planification. Sous la conduite de son aimable pasteur, le Père Jean Robert Minkoko, l’équipe de l’animation pastorale de Martel m’a impressionné par la clarté dans la façon dont elle avait établi le calendrier des activités pastorales que je devais exécutées pendant mon séjour pastoral. Les dates, les lieux, les activités à réaliser et les personnes à contacter pour chacune des activités étaient clairement indiqués. S’il est vrai que pour apprendre à nager il faut se lancer dans l’eau et se battre pour sortir, mon expérience à Martel m’a montré qu’apprendre à nager immédiatement avec des sauvetages est aussi une méthode efficace pour apprendre à nager tant elle dissipe la peur et inspire confiance à avancer sûrement vers la rive. La planification des activités pastorales que je devais accomplir, a été pour moi le sauvetage nécessaire pour me tenir à l’abri du naufrage et me permettre de conduire à bon port les tâches qui m’incombaient.

2. L’accueil
Tout voyage vers l’inconnu est émaillé d’incertitude et de peur. Ceci est causé par le fait que le voyageur ne sait pas exactement où il va et les personnes qu’il va rencontrer, mais aussi et surtout sur le doute qu’il nourrit dans son esprit sur l’accueil qui lui sera réservé. L’efficacité de toute activité pastorale dépend, en grande partie, de la façon dont le pasteur se sent accueilli. L’accueil met en confiance le pasteur, surtout si celui-ci est un nouveau-venu comme il fut mon cas à Martel. Déjà à l’aéroport, j’ai eu une grâce exceptionnelle d’avoir Bernard comme la personne désignée pour venir me chercher. Il tenait entre ses mains un morceau de carton sur lequel était écrit mon prénom : Zébédée. Il ne me connaissait pas. Mais quand je me suis approché de lui, nous nous sommes embrassés comme des gens qui se connaissaient depuis des années. Le sourire à ses lèvres traduisait la joie d’avoir rencontré un frère comme il en fit de même pour moi. Ces gestes simples mais combien riches en valeur, me donnaient déjà l’assurance que j’étais entre les bonnes mains.
Quand nous sommes arrivés à Martel, j’ai rencontré le Père Jean Robert et après lui tous les membres de l’EAP et enfin les autres fidèles de Martel. Toute personne que je rencontrais pour la première fois m’accueillait avec sourire et exprimait sa joie de me voir à Martel. Pour moi, le sourire exprime la joie qu’une personne ressent dans son cœur. Je sais qu’il existe des sourire ou des rires jaunes, je n’en ai vu aucun sur les visages des frères et sœurs Martelais que j’ai rencontrés. Moi, je lisais sur leur visage un sourire sincère et vrai. Le sourire reflète la joie qu’éprouve une personne vers une autre et l’ouverture du cœur à l’accueil mutuel. Pour mon retour à Rome, j’ai encore eu une grâce exceptionnelle d’être conduit par Isabelle. A la veille du voyage, j’ai dormi chez Isabelle et son mari Jocelyn sur leur invitation, comme nous devrions partir à l’aéroport de bonne heure. Quelle belle expérience d’accueil exprimé par le sourire et soutenu par la prière ! Alors qu’en venant j’étais animé par la peur de l’inconnu, l’accueil qui m’a été réservé à Martel et la joie que j’éprouvais de vivre au milieu de ce peuple modeste et aimable m’ont fait couler les larmes le jour où je devais retourner à Rome.

3. Fermeté dans la foi
Le continent Européen en général est aujourd’hui en crise de foi. Les églises sont presque vides. La France, comme pays européen vit la même réalité et Martel n’en fait pas exception. Alors que la grande quantité des fidèles qui venaient participer à la célébration eucharistique les dimanches semblait en dire le contraire, j’appris que ceci est une exception car la plupart de ces fidèles étaient en vacances dans leur résidence secondaire à Martel. J’ai alors compris qu’en temps ordinaire, l’église n’est pas aussi pleine des gens.
Toutefois, la qualité de la foi des Catholiques pratiquants de Martel est extraordinaire. En effet, les Catholiques de Martel sont peu en quantité, mais leur foi est impressionnante. Dans certains de mes échanges avec ceux que j’ai rencontrés, j’ai compris que le peu de catholiques de Martel, sont des chrétiens convaincus et fermes dans leur foi. Cette affirmation que je fais est basée sur le fait que j’ai entendu plusieurs Martelais lire l’histoire de leur vie avec les yeux de la foi. J’ai entendu plusieurs parmi eux dire que dans les moments les plus difficiles de leur vie, ils ont trouvé secours et réconfort dans la prière. Les noms de Jésus et de la Vierge Marie ne cessent d’être évoqués comme source de guérison, de bénédiction, de protection, de réconciliation, de joie et de paix. La foi en Jésus conduit , les conduit à mener une vie d’amour, de pardon, d’écoute, de sincérité, de vérité, de justice et de paix. En dépit des hauts et des bas de la vie, et les faiblesses humaines qui les empêchent à être toujours fidèles à leur engagement des chrétiens, ils comptent sur la grâce de Dieu pour se relever quand ils tombent.
Le chapelet itinérant de chaque lundi est selon moi un moment de ressourcement spirituel et de solidarité entre les membres de l’église. Il mérite une attention particulière car priez avec Marie c’est suivre son exemple de foi et ouvrir son cœur aux merveilles du Seigneur. Marie a beaucoup à nous apprendre. Ce n’est pas pour rien qu’elle est notre Mère et notre modèle de foi.

4. Générosité
Le mot « générosité » est polysémique. La signification qu’il comporte pour moi dans ce texte est « partage ». Pendant mon séjour à Martel, j’ai été impressionné par la disposition naturelle avec laquelle j’ai été invité dans différentes familles pour partager un repas. Ce qui m’a impressionné le plus, c’est la joie avec laquelle ces invitations étaient faites. En effet, c’était avec sourire et ouverture de cœur sincère que les fidèles de Martel m’invitaient les visiter chez eux pour m’associer à eux autour de la table. Ces moments, au-delà de l’aspect matériel du repas partagé, devenaient des opportunités de partage des expériences de vie. C’est pendant ces occasions que nous échangions sur nos familles et les moments les plus importants de notre vie. C’est aussi à travers ces partages que je me suis rendu compte de la conviction ferme et profonde de la foi de mes frères et sœurs de Martel. Jésus et la sainte vierge Marie sa mère étaient au centre des expériences les plus remarquables et significatives de leur vie.
Certains m’ont apporté les fruits de leur jardin au presbytère et d’autres m’ont amené au supermarché faire des courses à leur frais. Lors de mon court pèlerinage à Lourdes, plusieurs fidèles ont été solidaires avec moi en m’offrant de l’aide financière pour couvrir les dépenses que cela comporterait. D’autres encore m’ont offert des enveloppes avec une assistance financière comme leur façon de participer à mes études. Bref, j’ai joui d’une attention particulière à Martel et chaque fidèle veiller à sa façon à rendre mon séjour agréable.

Pour conclure, je dirais que mon expérience a été extraordinairement agréable. J’ai rencontré des frères et sœurs qui m’ont entouré de leur attention et affection. J’ai vécu dans la joie car je me sentais aimé et apprécié. Les impressions que j’ai données dans ce texte sont pour moi les surprises que me réservait le Seigneur, pour m’aider à le découvrir dans le cœur de ce peuple tant aimable et sympathique. Je profite de cette occasion pour remercier tout le monde, qui de loin ou de près m’a témoigné de son amour. Dans ma prière je me souviendrais toujours de ce peuple qui m’a aidé à comprendre que « Dieu est amour » et que cet amour se manifeste dans le concret de notre vie quotidienne par une vie de foi, d’accueil et de générosité. Pour moi, l’Église de Martel est « signe d’amour ». Que vive la paroisse de Martel. Que Dieu bénisse Martel.

Brèves Toutes les brèves

Soutenir par un don