Note du Père Lucien Lachièze-Rey

, par  JFR

Que nous circulions en voiture, en bicyclette ou à pied, nous rencontrons, souvent de façon inattendue, de petits monuments placés là par les anciens : un « travail », l’abri d’un puits ou d’une source, un four à pain, et, très fréquemment, des croix. En bois, en métal ou en pierre.

Ces croix, restées en place quand elles n’ont pas été détruites ou volées, se voulaient mémoire d’une événement familial ou de quartier : un accident mortel, un mariage, une mission paroissiale…

La plupart du temps on a oublié ce à quoi elles faisaient référence. Elles servaient aussi de repères aux croisées des chemins, aux carrefours des routes.
On les regardait, on disait une prière, on s’y donnait rendez-vous….
C’étaient des repères.

Et aujourd’hui ? En dehors de leur valeur de patrimoine, que représentent-elles pour nous ?
Quels repères avons-nous dans notre existence quotidienne et dans les carrefours de notre vie si parsemée d’incertitudes … ?

La figure du Crucifié minutieusement représenté ou maladroitement évoqué nous dit-elle encore quelque chose aujourd’hui ? Passons-nous distraitement notre chemin ou prenons-nous un instant pour regarder, pour réfléchir ou pour tourner intérieurement notre regard vers lui ?

Je me pose la même question quand nous assistons à un concert de musique sacrée (souvent dans une église) ou quand nous écoutons de la musique religieuse à la radio. On nous annonce les noms des artistes qui interprètent les œuvres, de ces dernières on nous dit quels sont les compositeurs et on nous donne les titres, mais c’est tout : vous allez entendre un « Dixit Dominus », un « Magnificat », un « Ave verum » : bien sûr, vous connaissez toutes et tous le latin ! et surtout vous savez toutes et tous ce qu’il y a derrière ces titres ! Comment non ? Ceux qui ont écrit cette musique ont longuement médité ces paroles (souvent tirées de la Bible) et même ont prié en entreprenant ces œuvres.

Mais nous, on nous en dispense… on applaudit la musique, mais notre écoute intérieure se tourne-t-elle vers Celui en l’honneur de qui cette musique a été composée, Celui qui en a été finalement l’inspirateur ?
Ne s’agirait-il que de beaux cadres dont les portraits auraient disparu ?
Ou de table des matières avec des titres sans contenu ?
Essayons de ne pas vivre en surface, comme ces touristes qui circulent sans regarder et sans entendre…

Ce que nous disons des croix de chemin et de la musique est vrai de tout événement et de toute rencontre. Ouvrons les yeux et les oreilles de notre cœur et de notre foi.

Abbé Lucien Lachièze-Rey

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